Bruxelles, tapis rouge et émotions fortes aux European Adult Awards en mots et en images
Quelle aventure, je n’en reviens toujours pas. Quand l’organisatrice des European Adult Awards 2025 m’a contactée pour m’annoncer ma nomination dans la catégorie ‘Best Swiss Performer’, j’ai cru à une blague. Honnêtement, je ne pensais pas être dans le viseur de ce genre de récompenses. Je ne me considère pas comme faisant vraiment partie de l’industrie du porno professionnel, alors j’ai été surprise… et touchée, très touchée.
Après la surprise, la joie a pris le dessus. Et j’ai décidé de jouer le jeu. Les fans pouvaient voter pour leur favorite, en plus du jury officiel. Pendant un mois, j’ai donc sollicité mes followers sur tous mes réseaux. Mais je ne vais pas mentir car c’était un exercice difficile pour moi. Je ne suis pas du genre à demander des faveurs, encore moins à insister. Et là, un mois entier à relancer, rappeler, remercier… j’étais franchement mal à l’aise. Je me suis poussée à le faire, mais ce n’était pas naturel pour moi.
Plus la date de la cérémonie approchait, plus je me disais que je n’avais aucune chance de remporter le prix. Mes deux concurrentes dans ma catégorie étaient bien plus implantées dans le milieu X, avec une vraie notoriété dans les salons érotiques. Je me suis donc fait une raison: être nominée, c’était déjà énorme. Et puis, l’invitation à la grande soirée de gala à Bruxelles était en soi une belle récompense.
J’en ai profité pour découvrir la ville, que je ne connaissais pas encore. J’ai confié Yoshi à ma voisine pour deux nuits – faire six heures de train avec lui n’aurait pas été simple, et la remise des prix encore moins adaptée. Bon, en vrai, j’aurais peut-être pu l’emmener: une actrice est même venue avec son petit bichon mais vu la durée de la soirée et l’ambiance pas vraiment dog-friendly, j’étais plus sereine sans lui.
Et puis, entre nous, Bruxelles… ce n’est pas la ville la plus verte du monde. Beaucoup de béton, des rues (un peu) sales, peu d’espaces pour se promener. Yoshi était bien mieux chez ma voisine, avec sa chienne, son chat, son oiseau et ses longues balades sur la plage. Il a eu trois jours de rêve. De mon côté, j’avais sans cesse la sensation d’avoir oublié quelque chose. Depuis cinq ans, je suis presque tout le temps avec lui. Me retrouver sans sa présence m’a fait tout drôle.

Mercredi, après un long voyage en TGV, je me suis rapidement rafraîchie à l’hôtel, juste à côté de la gare. Le quartier en lui-même est un peu délabré, on a presque l’impression d’avoir changé de pays. Mais une fois dans le centre historique, tout change : ruelles charmantes, façades anciennes, ambiance animée… même s’il manque cruellement d’espaces verts. À la longue, ça me pèserait, mais pour une balade de quelques heures, c’était parfait.
J’ai adoré jouer les touristes sans pression, sans devoir penser à une soirée libertine, une soirée gangbang ou à un tournage comme c’est souvent le cas quand je voyage. Là, rien à préparer, rien à performer… juste profiter.
Avec Vincent on s’arrête pour un apéro en terrasse, puis on continue de flâner dans le centre. Soudain, Vincent me désigne un cinéma en face de nous :
— “Tu vois ce bâtiment? C’est l’un des derniers vrais cinémas pornographiques. On y va ?”
Je lui lance en riant :
— “Je ne suis pas du tout habillée pour ça, je ne suis pas préparée…”
Mais tu me connais. Je ne suis jamais la dernière à dire oui à ce genre d’idée saugrenue. Il faut croire qu’à Bruxelles, les surprises commencent tôt car cela faisait à peine deux heures que je suis arrivée.
Nous entrons. Le monsieur à l’accueil nous annonce que l’entrée coûte 12 euros par personne et qu’il ne prend pas la carte. Mince, on n’a pas de liquide sur nous, et on n’a pas repéré de distributeur dans les environs. Vincent lui dit que l’on reviendra demain.
— ‘Non, c’est bon, allez-y faire un tour, gratuitement’, répond le monsieur. Il ne veut visiblement pas nous laisser partir comme ça.
Ok, on y va ! Il a dû se dire que l’on était deux originaux: moi en jean, pull, sac à dos et baskets.
À l’intérieur, mes yeux mettent un moment à s’habituer à la pénombre. Sur l’écran géant, un vieux film porno tourne. J’aperçois quelques personnes assises dans les rangées, d’autres debout dans des coins. Je me dirige vers la première rangée, un peu par réflexe. Vincent s’installe, pendant que j’hésite encore, un peu gênée par ma tenue de ville. Pendant que je tergiverse, deux ou trois clients commencent déjà à s’approcher.
Ça faisait longtemps que je ne m’étais pas retrouvée dans un cinéma pornographique. C’est un monde qui disparaît peu à peu. Et comme je suis souvent en vadrouille avec Yoshi, je ne me retrouve jamais dans ce genre d’endroit, même si je passe devant. Là, tout me semble familier. Je me sens projetée dans le passé. Cette ambiance un peu décalée, ce silence tendu, les regards qui scrutent en attendant… Les gens se comportent exactement comme il y a vingt ans, à l’époque de mes premières expériences. Ils observent d’abord, sagement, attendant un signe, un feu vert… si j’ai envie de plus.
Je ne me pose plus de questions sur la manière d’être audacieuse. D’un geste assuré, je soulève mon haut, fais glisser mon pantalon et invite les hommes d’un signe à s’approcher. Ils ne se font pas prier. En un instant, je me retrouve entourée de cinq ou six mec, prêts pour un blowbang improvisé. Dans l’obscurité, je savoure l’excitation de deviner qui ils sont. La plupart sont plutôt mûrs, sauf un jeune, entre 20 et 30 ans, qui se démarque. Leurs mains s’aventurent sur moi, caressant mes seins, glissant entre mes cuisses. D’habitude, je ne suis pas fan des doigts trop insistants, ça m’irrite souvent. Mais là, je me laisse aller, portée par l’ambiance électrique. Et franchement, ça attise mon envie de plus.
Je lance, un brin taquine : ‘Quelqu’un a un préservatif ?‘. Silence. Personne n’a prévu le coup. Pas grave. Je reprends avec entrain, alternant caresses et fellations. D’autres hommes se joignent à la fête, l’énergie monte encore. Je me donne à fond, jusqu’à sentir leurs plaisirs exploser sur ma langue, dans ma bouche, sur mon visage. Vincent, à mes côtés, est lui aussi galvanisé par la scène. Je le caresse, le titille, et il adore ça. Tout le monde s’éclate, l’adrénaline est à son comble.
À la fin, en discutant un peu, je réalise avec un sourire que personne ne m’a reconnue. J’adore ça. Cette anonymat me replonge dans l’euphorie de mes premières aventures libertines, comme un flashback brûlant et délicieux.
Le gérant du cinéma devine vite que, sous mes airs de touriste randonneuse égarée, se cache une sacrée coquine. Il ne rate rien de mon bukkake spontané, observant la scène avec un sourire discret. Avant qu’on reparte, il nous offre un café et de l’eau, puis vient discuter, ravi que j’aie offert un après-midi inoubliable à ses clients. Lui non plus ne me reconnaît pas. S’il savait que je suis là pour une remise de prix dans l’industrie du porno, il en resterait bouche bée.
L’expérience me grise tellement que je reviens le jeudi en début d’après-midi, et c’est encore une fois génial ! Cette fois, en comité plus intime, mais avec un homme qui a un préservatif (victoire !) et une langue et des doigts d’une habileté exquise. Je jouis au moins trois fois, emportée par des vagues de plaisir. Quand je repars, ma culotte est trempée, et je flotte sur un nuage, un sourire radieux aux lèvres.
En principe, cette petite aventure, suivie d’un bon repas typiquement belge — moules et frites, évidemment — aurait dû me détendre pour la grande soirée du jeudi. Mais non, j’étais encore tendue, ne sachant pas trop à quoi m’attendre. Nous avons pris un taxi pour nous rendre à l’endroit de la soirée, assez excentré par rapport au centre-ville. En chemin, Vincent me glisse :
— ‘Tu ne peux pas gagner de toute façon, ce n’est pas notre monde. Alors détends-toi et profite simplement de la soirée !’
Il a raison, et je décide de lâcher prise. Je n’ai même pas acheté de tenue spéciale pour l’événement. J’ai ressorti une robe rouge toute simple, achetée il y a quelques années chez H&M. Rien de clinquant. Je me suis dit qu’elle ferait largement l’affaire, vu que je ne risque pas d’être mise en lumière ce soir-là.
Arrivés beaucoup trop tôt devant les halles — dans une zone industrielle un peu perdue — on découvre déjà quelques personnes sur leur trente-et-un, attendant devant l’entrée. Ouf, on est au bon endroit. Un membre de l’organisation vient nous dire d’attendre un peu, juste à côté, devant une salle de karting. Alors que tout le monde attend sagement dehors, Vincent et moi décidons d’aller prendre l’apéro dans le bar-restaurant du karting ! Ambiance familiale, enfants, burgers et cris d’excitation sur la piste. Et moi, au milieu de tout ça, en robe rouge moulante et talons de 12 cm. Autant dire que j’ai fait mon petit effet totalement hors contexte, mais c’était plutôt drôle !
Enfin, quelqu’un nous indique que l’événement se déroule dans une salle un peu plus loin. Des navettes sont prévues pour nous y emmener, mais avec les personnes déjà présentes, on décide d’y aller à pied. C’est l’occasion parfaite pour faire connaissance. Je discute avec Lady Fiina, une autre Suissesse nominée: une jeune femme très belle, très douce, très élégante. Intérieurement, je me dis qu’elle mérite vraiment de gagner. Je me sens déjà heureuse pour elle.
Je fais aussi la connaissance de Noemie Blonde, une Italienne trans, et de Sweetbloodymarie, une jolie Française — toutes deux nominées dans leurs catégories. Moi qui craignais de me retrouver entourée de gens hautains, artificiels ou snobs, je suis rapidement rassurée: tout le monde est simple, accueillant, bienveillant. L’ambiance est étonnamment douce.
Après un cocktail de bienvenue — champagne et petits fours — nous prenons place autour de grandes tables rondes. Plus tard, j’apprends que l’idée était de s’asseoir par pays. Mais bon, Vincent et moi faisons notre propre loi: on s’installe avec Noemie Blonde et Sweetbloodymarie, les deux seules filles non accompagnées de la soirée. Vincent, lui, ne se plaint pas. Il rigole en disant qu’il a son bouquet garni rien que pour lui.
La soirée est magnifique. Des spectacles rythment les remises de prix et le dîner. Le repas est délicieux, servi en même temps pour tout le monde, chaud et avec élégance. On sent que l’organisation a mis le paquet.
Au fil des heures, les prix s’enchaînent. À notre table, Noemie Blonde et Sweetbloodymarie remportent toutes les deux dans leur catégorie. Je ressens un petit pincement, et si j’étais la seule à ne pas recevoir de trophée à notre table. Mais en même temps, je serais sincèrement heureuse pour Lady Fiina. Elle est tellement belle et mériterait amplement sa victoire.
C’est enfin le tour de la Suisse. C’est étrange d’entendre son propre nom parmi les nominées. Je me prépare à applaudir l’une de mes concurrentes… quand l’animateur prononce mon nom. Quoi ?? Je manque de tomber de ma chaise. Je regarde Vincent, paniquée :
— ‘Mince ! Je dois dire quoi ?’
Et puis je me lève, comme en mode pilote automatique, et je me dirige vers la scène. En passant, Lady Fiina me félicite. Quelle classe, cette fille — toujours adorable.
J’arrive sur le podium, complètement déconnectée. J’ai la tête vide. Littéralement. Je ne sais plus quoi dire, je suis morte de trac. Je dis n’importe quoi. Je ne pense même pas à rapprocher le micro de ma bouche. L’animateur vient me corriger, gentiment. Je reprends, un peu maladroitement, je lance quelques mercis en français, en anglais, en suisse allemand… mais franchement je me sens ridicule.
Je n’en reviens pas. Une joie immense m’envahit. C’est irréel, je plane. Après ça, j’ai complètement zappé qui gagne dans la dernière catégorie, et le reste de la soirée passe comme dans un rêve, flou, étincelant.
Le lendemain, mon plus gros défi, c’est de ramener la statue au Cap d’Agde. Elle est grande, surtout très lourde, et je fais hyper attention à ce qu’elle ne s’abîme pas. Mais quel bonheur de pouvoir partager la nouvelle sur les réseaux, et surtout c’est une victoire qui n’aurait jamais été possible sans vous. Ce prix, je le dois entièrement au soutien de mes fans, à vos votes quotidiens, à votre fidélité. Je suis profondément touchée par tout l’amour que vous m’avez donné.
Merci, merci, merci… et encore merci !
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