“Fais-le bien, et laisse dire” (proverbe suisse) – Partie 1: Chapitres 21 à 25
C’est l’été ! Si tu as l’occasion de prendre des vacances, tu auras sûrement l’occasion de lire.
Durant l’été, je publie chaque semaine 4 chapitres de mon autobiographie “Fais-le bien, et laisse dire”, qui est sortie en avril 2020 aux Éditions Tabou.
Plonge dans l’univers captivant de mon livre “Fais-le bien, et laisse dire”:
Quand un journaliste a déclenché l’avalanche médiatique autour de ma personne en août 2014, j’ai vécu des moments très difficile. Il a amené ma vie secrète sur la place publique, alors qu’elle n’était destinée qu’à un public averti.
Pour protéger mon fils, ma famille, mes proches, j’ai décidé de faire l’autruche et de ne répondre à aucune demande d’interview pour raconter ma version des faits. C’était la seule et meilleure solution pour continuer de vivre. En même temps j’étais malheureuse durant ces années, car j’aurais eu envie de répondre à toutes ces personnes qui m’ont jugé sans me connaître et surtout défendre ma liberté d’être moi-même.
Aujourd’hui mon fils est adulte et mène sa propre vie. Cette histoire n’a plus le même impact sur lui. J’ai donc décidé d’enfin être libre et de raconter toute la vérité sur ma vie.
La première partie du livre raconte comment j’ai vécu l’histoire déclenchée par mon tweet sexy depuis ma place de travail, comment j’ai géré la situation et comment je m’en suis sortie.
La deuxième partie raconte ma vie de libertine que je mène depuis que j’ai vingt ans. J’ai déjà eu des retours des premiers lecteurs, notamment de lectrices, que certaines scènes de mes aventures que je raconte seraient trop dures, voir choquantes.
Je suis consciente que mes pratiques ne sont pas communes et peuvent interpeller. Est-ce que j’aurais dû écrire une version soft et/ou zapper certains passages ? Peut-être. Mais en même temps, cela aurait faussé mon histoire. Cela fait partie de ma personne, de ma nature. D’un côté, je suis cette employée sage, une maman poule, une femme joyeuse qui adore rire et qui ne se prend pas au sérieux, mais cela ne m’empêche pas d’avoir des fantasmes très hard et des envies qui virent dans le masochisme. J’avais justement envie de montrer ces côtés de moi et démontrer qu’être une maman douce et aimante n’empêche pas de vivre ses fantasmes sexuels. Le BDSM n’est pas uniquement réservé à des personnages d’un cercle fermé « underground».
Pour moi, défendre le droit des femmes, c’est aussi ça. Encore trop de gens ont tendance à penser que « ça ne se fait pas en tant que mère de famille ». Est-ce que les femmes perdent le droit de vivre une vie sexuelle hors norme dès le mariage ou l’accouchement ? Non, je ne le crois pas.
– PARTIE 1 –
LA SECRÉTAIRE PORNO DU PALAIS FÉDÉRAL
Chapitre 21: Cap d’Agde
Avant le scandale qui nous a fait changer de vie, nous fréquentions le camp naturiste et notre appartement de vacances se trouvait dans le camp. C’est notre « phase folle », comme on l’appelle souvent.
Nous sortons tous les soirs. Nous connaissons tout le monde. On enchaîne les rendez-vous filmés. Les gens qui fréquentent le camp naturiste sont pour la plupart des libertins, et beaucoup nous connaissent. Nous nous faisons très souvent aborder, parfois presque trop, au point de ne pas pouvoir passer de soirée tranquillement en amoureux.
Nous y venons lors de chaque congé et même avec notre fils, mais en faisant la part des choses. Nous nous levons tôt le matin pour sortir en dehors du camp avec junior pour découvrir la région et toutes les choses à faire en mode touriste, et ce n’est que la nuit, après minuit, quand il est couché, que nous sortons faire la fête dans les clubs libertins pour nous coucher à l’aube.
Très souvent nous nous levons à 7 heures du matin, après deux heures de sommeil, pour offrir également à notre fils l’occasion de voler en ULM. En été cela n’est possible que très tôt le matin car en journée les ULM volent au-dessus des plages avec des banderoles publicitaires. Junior a toujours été dingue d’avions et on a le plaisir de lui permettre de réaliser ce rêve de voler. Pour nous, la priorité numéro un est d’abord le bonheur de notre fils et seulement quand tout joue pour lui et qu’il est heureux, on peut se permettre de vivre nos folies.
À l’automne 2014, trois mois après l’affaire, on décide de déménager en dehors du camp naturiste. Pas seulement à la suite du scandale, mais également parce que junior grandit et se sent de moins en moins à l’aise dans le camp naturiste. Se retrouver en dehors de ce milieu nous plaît énormément et je pense que c’est une des meilleures décisions que l’on ait prises. En plus, le Cap d’Agde vit toute l’année dans les autres quartiers, alors que le camp naturiste est très tranquille hors saison.
En fréquentant le bistrot et les restaurants en bas de chez nous, nous y lions d’excellents contacts, presque de meilleurs contacts qu’auparavant car ils sont vrais et sincères. Il ne faut pas se mentir, dans le monde libertin il y a toujours beaucoup de fausseté, beaucoup de superficialité, de m’as-tu-vu, de gens qui prétendent être ton ami juste pour profiter de toi ou de ta pseudo-notoriété, en cherchant la première occasion pour te baiser. Ce n’est bien sûr pas le cas de tout le monde. Nous avons connu beaucoup de personnes tellement gentilles, sincères, adorables mais pour certaines autres il n’y a que la beauté extérieure, la grandeur des seins, les fesses fermes, un visage parfait, le sex-appeal et l’ouverture d’esprit au niveau du cul qui comptent. On l’a toujours su et dès le premier jour dans ce monde, cela ne nous a pas dérangés et nous avons toujours essayé d’avoir l’intelligence d’en rire, de s’en moquer, de passer par-dessus. Nous avons observé ce petit cirque avec une grande dose d’ironie en ne prenant jamais ça trop au sérieux. Ce n’est pas la vraie vie mais c’est une vie excitante, colorée et folle.
Au Cap d’Agde, je fais la connaissance d’un tatoueur très doué, auprès duquel je continue à me faire tatouer. J’ai déjà fait en Suisse un grand tatouage dans mon dos, mais j’ai arrêté les tatouages pendant un certain temps à cause des coûts très élevés en Suisse. En découvrant le studio plus abordable au Cap d’Agde, je réalise mon souhait de tatouages sur les bras et les cuisses dans un style pin-up, très coloré.
Chapitre 22: Rêve d’une autre vie
Quand nous sommes assis dans notre bistrot habituel du Cap d’Agde, nous rêvons souvent d’une autre vie avec Vincent, de nous installer ici, au sud de la France. On rêve d’un métier que l’on puisse exercer partout et nous sommes également prêts à travailler en tant que saisonniers. On est sûrs que l’on peut se débrouiller. En travaillant ici, je pourrais même revenir sur Internet avec mes aventures et mes vidéos.
Nous nous projetons fréquemment en refaisant notre vie autour d’un verre, et nous adorons rêver de projets, de fabuler, d’imaginer le futur. Mais avant de réaliser nos rêves il y a toujours l’avenir de junior, son bien-être, ses études mais également nos familles. Avant de vivre ses propres rêves, il y a toujours la réalité de la vie réelle.
Nous continuons donc de vivre en personnes responsables comme une bonne famille suisse. Les suisses sont des personnes très ordonnées et qui aiment la sécurité matérielle. Je prends même la décision de faire une formation supérieure, le brevet fédéral d’assistante de direction, et pendant deux ans je suis des cours.Je passe mes soirées à apprendre et j’obtiens le brevet fédéral avec la mention très bien.
Je suis très contente, mais plus le temps passe plus j’ai l’impression de vivre la vie de quelqu’un d’autre. En plus Vincent et moi subissons progressivement une augmentation du stress professionnel. Vincent est engagé auprès de son employeur dans des projets informatiques importants, et pour ma part c’est ma formation, ainsi que de nouvelles tâches auprès de mon employeur. En assumant en plus les bonnes relations avec notre grande famille, nous nous perdons de plus en plus dans le stress et le tourbillon de la vie.
Nous continuons bien sûr à nous rendre discrètement à Paris et dans le sud de la France pour des rencontres libertines qui nous font le plus grand bien, et qui nous permettent de nous évader, mais cela ne nous empêche pas d’avoir l’impression de passer complètement à côté de la vie, de notre vie. Notre vie professionnelle et notre vie familiale nous volent notre liberté, que nous apprécions tant. La vie d’avant l’affaire nous manque de plus en plus. Chaque jour on constate que l’on s’est fait voler notre passion et notre créativité, mais nous sommes conscients qu’il est actuellement impossible de refaire ce que l’on aime en gardant nos emplois, ainsi que le respect et la protection de nos familles.
Après le scandale, nous avons choisi de vivre une vie de famille classique. Nous ne sommes pas malheureux, loin de là, et on essaye souvent de se convaincre que c’est très bien ainsi et que finalement c’est le meilleur des choix. Mais nous savons aussi, Vincent et moi, que ce n’est finalement qu’un mensonge pour nous consoler.
Chapitre 23: Le rêve se concrétise
À l’automne 2018, alors que nous sommes assis dans notre bistrot préféré, au port du Cap d’Agde, Vincent me dit, entre deux verres de Gewürztraminer de la région, avoir réfléchi.
— Peut-être que l’on devrait quand même tout quitter en Suisse pour refaire notre vie au Cap d’Agde?
C’est comme une évidence, comme s’il a lu dans mon cœur. Oui, oui et encore oui. Je suis entièrement d’accord. Je te suis. C’est un grand oui. Notre fils est en apprentissage, a désormais un petit salaire, a vingt ans et vit les trois quarts de la semaine chez son amie.
Nous en discutons longuement lors de la soirée autour d’un bon repas. Certes, de quitter nos emplois très bien rémunérés et stables est certainement une folie, mais nous avons tellement l’impression que la vie passe à côté de nous, que c’est la seule solution.
Nous n’avons plus l’occasion d’avoir deux vies comme auparavant, donc soit on choisit notre vie actuelle bien rangée, responsable, sage, d’employés d’État, mari et femme respectueux comme il se doit ou on essaie de retrouver une partie de la vie d’avant, avec son grain de folie, cette liberté d’expression que l’on aime tant, une vie de bohèmes ou d’artistes. On sait aussi que plus jamais on ne pourra avoir les deux en même temps. Il faut donc faire un choix.
Nous sommes surtout d’accord que nous n’avons qu’une seule vie et notre plus grande crainte est de regretter de ne pas avoir osé changer quelque chose.
— Si au moins on essaie. Le pire serait de voir passer les années et qu’à soixante ans on se dit, si on avait osé, si on avait eu le courage, si…
En été 2019, j’aurai quarante-deux ans. Sûrement trop vieille dans le monde du porno, mais dans le monde du libertinage je ne suis pas vieille, et dans mon monde à moi, je n’ai pas d’âge car je me sens bien dans ma peau et dans ma tête. Notre fils va voler de ses propres ailes et notre famille ne va certainement pas comprendre que l’on abandonne notre sécurité, notre confort. On va sûrement au-devant de tensions pour leur expliquer notre choix, mais il nous semble important, à l’heure actuelle, de penser une fois à nous.
Nous venons de sacrifier cinq ans de notre vie pour sauver notre réputation, notre honneur. Mais quel honneur ? L’honneur vaut quoi ? Qui nous dit merci à la fin ? Qui a parlé, malgré nos efforts, derrière notre dos ? On ne le saura jamais. Mais nous sommes sûrs maintenant qu’il faut vivre ou plutôt revivre, maintenant ou jamais.
L’idée est que j’apprenne le métier de tatoueuse. C’est très à la mode et la clientèle ne manque pas. En plus on peut exercer cette profession partout dans le monde. Je sais très bien dessiner, j’ai la main calme ainsi qu’un œil certain et de la créativité depuis mon enfance. Vincent me commande une machine à tatouer professionnelle et tout le matériel pour m’exercer. Dès la réception du colis, je commence à m’entraîner sur des peaux artificielles.
En même temps, je recommence à écrire mon histoire. Je réécris toute l’histoire en français, que j’avais commencé à écrire en allemand. Une tâche énorme à côté de mon travail, l’entretien de la maison et de son jardin, du temps à investir pour mon cheval, mon chat, ma famille, mais je remarque que depuis notre décision de départ ma créativité revient. Plus le temps passe, plus je suis sûre que notre décision de retrouver notre liberté qui nous a tant fait avancer dans la vie, notre folie douce, notre insouciance et une certaine joie de vivre, est la bonne.
La seule chose qui peut bouleverser nos plans est la réaction de notre fils. Pour nous il a toujours été clair qu’il faut qu’il nous soutienne. Quand on lui annonce notre décision, nous sommes surpris de sa réaction positive.
— Mais c’est super. Je suis content pour vous. D’ailleurs, j’ai toujours pensé que vous iriez un jour au Cap d’Agde, et vous vous souvenez, vous en aviez déjà parlé il y a quatre ans. Il n’y a pas de soucis pour moi. C’est chouette pour vous.
Le fait qu’il soit en couple avec sa copine depuis quatre ans a certainement aussi aidé pour qu’il le prenne aussi bien. Je suis soulagée et très heureuse de sa réaction, et nous réglons tous les détails afin qu’il puisse continuer sa formation commerciale en habitant chez sa copine. En plus le Cap d’Agde n’est pas au bout du monde. En six heures de voiture, nous pouvons être de retour en cas d’urgence et avec les moyens de communication actuels il n’y a pas de problème à entretenir un contact régulier.
Chapitre 24: Décision définitive, je quitte la Suisse
Le jour où j’annonce ma décision à mes collègues, ils sont contents pour moi. Ce qui est marrant, c’est la discussion entre quatre yeux avec un de mes deux collègues. Je lui confie ne pas vouloir mentionner ma future activité de tatoueuse à mon supérieur, car mon chef est de la vieille école et ne comprendra pas que je quitte mon travail stable pour m’établir en tant que tatoueuse. Il déteste les tatouages et j’ai peur de quelques moqueries ou remarques blessantes de sa part. Pour rigoler je dis à mon collègue que « je pourrais lui annoncer que je reprends mes anciennes activités en tournant à nouveau des pornos », ce qui lance une discussion sur ce sujet. Il me confie avoir également été dans ce milieu il y a une vingtaine d’années.
— Je tenais un salon de massage, en fait c’était de la prostitution, pour financer mes études, me dit-il.
Bon, ce n’est pas vraiment la même chose, mais il veut me dire que lui non plus n’est pas un saint. Il m’avoue également que:
— Ton passé ne m’a jamais vraiment dérangé. C’est le fait que tu aies menti sur ton curriculum vitae qui m’a posé un problème. Ton passé m’intéresse beaucoup et j’ai souvent eu envie de te poser des questions.
Nous stoppons notre discussion, car ça aurait été déplacé. Je ne veux pas lui raconter ma vie à ce moment-là entre deux dossiers, mais ça me traverse l’esprit que peut-être il lira un jour mon livre. La curiosité de mon collègue m’encourage à le finir. D’autres personnes seront sûrement également intéressées.
Le jour où je décide de donner mon congé à mon employeur, je suis extrêmement nerveuse. Je sais que mon supérieur va mal réagir et je ne me suis pas trompée. Je pense qu’il est surtout très déçu. Il était sûr de m’avoir liée à l’entreprise jusqu’à sa retraite avec son soutien concernant ma situation personnelle ainsi que le financement partiel de ma formation supérieure. J’essaye de lui expliquer mes raisons, sans entrer dans les détails bien évidemment, et de le consoler en lui assurant mon engagement jusqu’au bout de mon contrat et également pour l’aider à trouver une remplaçante. Personne n’est irremplaçable, mais il lui faut du temps pour digérer cette nouvelle. Les premiers jours sont très difficiles, d’autant plus que l’on partage le même bureau. Il réagit de manière non professionnelle en me faisant remarquer que mon plan de vie est de toute façon nul et que dans deux ans, je serai certainement ailleurs ou de retour.
— Faites en sorte que Vincent trouve rapidement un vrai boulot, parce qu’avec ton plan vous ne vous en sortirez jamais. Tu n’es pas une tatoueuse et tu n’es pas créative du tout, me lance-t-il en pleine figure. Pas très classe de sa part. J’essaye de ne pas mal le prendre, mais de me dire que c’est sa déception qui le fait s’exprimer de cette manière.
Dans l’entreprise de Vincent, la nouvelle de sa démission et de son départ en France est encore une plus grosse bombe, lui qui a travaillé pendant vingt ans pour le même employeur et qui a plein de responsabilités. Beaucoup nous disent que nous sommes des fous, ce qui n’est sûrement pas faux, mais encore une fois on ne vit qu’une fois.
Entre la vente de notre maison qui fut très astreignante, les discussions avec nos familles et amis parfois pas faciles, Vincent m’avoue un jour qu’il n’est plus sûr de vouloir être à nouveau dans la lumière, de sortir de l’anonymat où nous sommes actuellement, de sortir le livre ou de refaire des vidéos. Il a peur pour notre réputation au Cap d’Agde « textile », où nous nous sommes fait plein d’amis en dehors du monde libertin.
Cette révélation me fait très mal car si je quitte tout en Suisse, si je prends le risque de rompre l’excellente relation que j’ai avec mes parents, de laisser derrière moi un travail stable et sûr, et même de n’être plus là physiquement quotidiennement pour mon fils adoré, c’est surtout pour retrouver ma liberté.
Mais il a raison. Il faut avant tout gagner sa vie et surtout décider comment se reconstruire de manière intelligente avec une vie libérée que l’on a toujours aimée. Nous tombons d’accord de faire une chose après l’autre et de ne pas se précipiter. Nous réglons en premier toutes nos affaires en Suisse, puis on part s’installer en France, et ensuite selon notre credo du moment, on verra. Ce n’est pas procrastiner, c’est juste vivre au jour le jour.
Chapitre 25: Nouveau départ, nouvelle vie
Le grand jour est arrivé. Nous remettons les clés de notre maison aux nouveaux propriétaires et dormons notre dernière nuit en Suisse dans un hôtel bernois. Le lendemain, après notre dernier jour de travail, nous partons en direction du Cap d’Agde avec notre chatte, Mili, qui nous accompagne dans cette nouvelle aventure. Les premiers jours ne changent en rien des autres séjours. Nous y étions très souvent, et nous y avons tellement d’amis que c’est déjà chez nous.
J’ai quelques jours de congé avant de commencer à travailler comme tatoueuse dans un studio de tatouage. Je profite de ces jours pour me reposer car je suis arrivée au Cap d’Agde exténuée par les dernières semaines.
Dès le premier jour dans le salon de tatouage, je réalise que j’ai mal réfléchi, que ça ne me correspond pas. Le rythme est lent. On passe beaucoup de temps à attendre, à discuter avec des pseudo-clients, à prendre des rendez-vous et dessiner un peu. Je n’ai pas tout quitté pour passer de longues journées loin de Vincent, et juste pour être présente au studio. Je décide donc de laisser tomber cette expérience et de poursuivre ma voie de tatoueuse autodidacte en m’installant un coin tatouage dans mon appartement.
Les premières semaines sont surtout focalisées sur la rénovation de notre appartement. Il faut le transformer d’un appartement de vacances à un appartement pour l’année, créer des rangements supplémentaires, aménager la terrasse pour en profiter toute l’année, repeindre les murs. Cela nous prend pratiquement un mois.
Je suis ensuite impatiente de recréer un site et de revenir sur Internet. Je crée une première version d’un blog et j’ouvre des comptes Instagram, Twitter et même Facebook. De nombreuses personnes me reconnaissent tout de suite et m’écrivent qu’ils sont ravis de mon retour.
Le programme pour un site Internet que j’utilisais par le passé pour mon blog n’existe plus. Je dois donc apprendre à me servir du logiciel WordPress. Vincent a le même problème avec le programme pour monter les vidéos. Il doit tout réapprendre. Ça prend un temps fou. En même temps nous faisons beaucoup de rencontres et j’ai énormément de plaisir à revivre les sensations du passé, et enfin de tourner à nouveau. Petit à petit, Vincent monte les premières vidéos, je poste les premières photos sur mon site, mon blog grandit et le nombre de vues augmente quotidiennement.
Comme je retrouve une liberté sans limites, j’aimerais beaucoup réaliser également des tournages professionnels. C’est un de mes grands fantasmes, mais avant tout il faut finir le livre. J’ai écrit une grande partie de celui-ci avant de nous installer dans le Sud et je le termine en juin. À partir de juillet, Vincent commence la correction. Nous sommes d’accord que c’est la première chose à finir, et qu’une amélioration du blog et la réalisation d’autres vidéos doivent attendre.
Concernant junior, la séparation quotidienne avec lui est particulièrement dure pour moi. Nous communiquons tous les jours plusieurs fois, par Whatsapp et nous nous appelons pratiquement tous les deux jours. Je ne regrette pas ma décision. Je suis heureuse de me retrouver ici et de pouvoir enfin refaire ce que j’aime tant. J’ai l’impression de me retrouver moi-même, de revivre après ces cinq dernières années, mais je reste une maman poule et je suis très proche de mon petit prince. Je téléphone aussi avec ma mère, ainsi qu’à mon amie L. toutes les semaines, mais sinon je n’ai pas gardé beaucoup de contacts en Suisse. J’ai vraiment tourné la page, et il me semble que ma vie dans mon pays d’origine se trouve déjà loin derrière moi.
Fin de la 1ère partie du livre
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